Ce qui fut autrefois un grand rassemblement populaire, porteur des aspirations de milliers de citoyens-nes, est en train de mourir à petit feu sous le regard amusé des médias et d’un maire populiste. On mesure les progrès fulgurants de la gangrène opportuniste dans le caucus du Renouveau municipal (RMQ) au rythme des défections et des expulsions. Le malade s’en relèvera-t-il? Il y aurait pourtant du pain sur la planche pour un parti d’opposition à l’hôtel de ville. En effet, les luttes urbaines se sont multipliées aux quatre coins de la ville: mobilisation contre la circulation de transit dans plusieurs quartiers, opposition à différents projets immobiliers, batailles sur la question du transport en commun, sans oublier les nombreuses escarmouches entre promoteurs de condos et groupes communautaires sur fond de résistance à la gentrification. Les communautés locales se (re)mobilisent avec la ferme intention d’avoir leur mot à dire sur l’avenir de leur environnement… mais le RMQ, sauf exception, est aux abonnés absents. Dans les quartiers, deux logiques s’affrontent. D’un côté, la logique populaire veut préserver et améliorer la qualité de vie, régler les problèmes communs et développer des projets qui répondent à des besoins locaux. De l’autre, la logique marchande pense le quartier comme un terrain vague à développer, un obstacle à franchir ou une marchandise à consommer par ceux et celles qui ont de l’argent à dépenser, sans tenir compte de l’impact ou des besoins des habitants-es. Les conflits viennent du fait que la Ville est organisée en fonction du développement économique et qu’elle sert les intérêts des promoteurs immobiliers et des grandes institutions qui font rouler l’économie (et générent toujours plus de taxes!). Les citoyens-nes ne sont bons qu’à habiter la ville et, à la limite, se plaindre du déneigement. Le déséquillibre politique qui caractérise la Ville crève les yeux. Alors que la vie se passe dans les quartiers, le vrai pouvoir est concentré entre les mains de quelques élus-es du comité exécutif et d’une haute fonction publique qui règne de droit divin technocratique. Les élites locales tolèrent mal d’être dérangées dans leurs plans et leurs projets de développement par une populace bruyante et plus ou moins désargentée. Ils veulent bien consulter pour la forme (et encore!), mais ce ne sont pas les élus locaux, et encore moins la plèbe, qui vont leur dire quoi faire! Tant que la population acceptera d’être réduite à une masse de consommateurs et de touristes dans son propre patelin, l’avenir appartiendra aux affairistes. Par contre, si ceux et celles qui habitent la ville et la font vivre continuent de se regrouper et de se mobiliser, alors l’avenir est ouvert. Il est urgent de remettre les élites locales, la haute fonction publique et les démagogues populistes à leur place. La seule manière de le faire est de faire parler la rue, encore et toujours, et de faire résonner sa voix jusque dans leur hôtel de ville et leurs salles de rédaction. Avec ou sans relais politique, rôle que refuse de jouer le RMQ, le peuple doit s’imposer s’il veut être entendu. == Extrait du numéro d'octobre 2008 du journal l'Infobourg.

Luttes urbaines : à qui appartient l’avenir?