Par Marie-Ève Duchesne

C’est le 31 janvier dernier que la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) sortait ses dernières données sur le marché locatif au Canada. Un rapport toujours très attendu au niveau des groupes logement puisque, trop souvent, il confirme les inquiétudes vécues sur le terrain. « Le Rapport sur le marché locatif de la SCHL démontre que la crise du logement continue de s’aggraver. Maintenant, tous les centres urbains de 10 000 personnes et plus du Québec ont un taux de logements inoccupés de 1,5 % et moins, soit deux fois moins que le seuil d’équilibre fixé par la SCHL. Quand le gouvernement Legault va-t-il prendre toute la mesure de la situation et agir en conséquence ? », s’exclame Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Elle précise qu’à l’échelle de la province, le taux d’inoccupation est passé de 1,7 % à 1,3 %, le plus bas taux en 20 ans. La situation s’est sérieusement détériorée dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Trois-Rivières, où le taux est passé à 0,4 %, de Drummondville où il a encore baissé à 0,4 %, de Québec où il est descendu à 0,9 % et de Montréal où il est passé à 1,5 %. Dans la RMR de Québec, le taux est le plus bas en 15 ans.

Le FRAPRU souligne que l’explosion des loyers se confirme, au point où la SCHL elle-même arrive à la conclusion que « l’augmentation des loyers a dépassé à la fois l’inflation (4,7 %) et la progression des salaires (5,0 %) ». Le loyer moyen, qui avait déjà augmenté de 9 % l’an dernier, a encore bondit de 7,4 %. Dans la RMR de Québec, la hausse du loyer moyen du marché est de 5,8 %; il atteint 8,7 % dans celle de Trois-Rivières et de 8,6 % à Saguenay; il est de 11,7 % dans celle de Sherbrooke et de 7,6 % dans celle de Montréal.

Et pour la Haute-Ville ?

Plus près de nous, dans la Haute-Ville de Québec, le taux d’inoccupation est passé dans la dernière année de 2,5 % à 1,9 %. Tout type de logements confondus, le loyer moyen est passé de 1 034 $ à 1 070 $ par mois. Le loyer moyen pour un 4 et demi est maintenant de 1 267 $ par mois comparativement à 1 165 $ pour 2022. Pire encore, le loyer moyen pour un 4 et demi inoccupé (donc encore à louer actuellement) est de 1 784 $ par mois.

Des pressions à continuer

« Le Rapport sur le marché locatif 2024 de la SCHL montre à quel point la situation du logement est catastrophique partout au Québec. C’est incompréhensible que le gouvernement caquiste en refuse toujours les mesures structurantes proposées depuis son arrivée au pouvoir. Comment peut-il ne pas mettre la crise du logement dans ses grandes priorités, dans un contexte aussi dramatique ? Au-delà des chiffres, ce sont de véritables drames humains qui se vivent! », s’indigne Véronique Laflamme. À son avis, le prochain budget du ministre des Finances, Éric Girard, doit redresser la barre pour faire progresser la part de logements sans but lucratif dans le parc locatif. À ce sujet, le FRAPRU a lancé une opération de visibilité intitulée La clé, c’est le logement social, cette semaine. Il invite la population à interpeller la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, et le premier ministre, François Legault. Un courriel leur demandant de financer le logement social à la hauteur des besoins peut ainsi leur être envoyé en quelques clics à l’adresse : https://www.frapru.qc.ca/cle/.

Le FRAPRU demande au gouvernement du Québec de financer la réalisation de 50 000 logements sociaux en 5 ans, sous différentes formes (HLM, coopératives et OSBL d’habitation), ainsi qu’un programme pérenne et spécifiquement dédié au logement social pour assurer la mise en chantier rapide de ces logements. Le regroupement presse aussi le gouverne-ment caquiste d’intervenir pour arrêter la hausse démesurée des loyers. À l’instar du Regroupement des comités loge-ment et associations de locataires du Québec (RCLALQ), il demande un contrôle obligatoire des loyers, un registre public et universel des loyers et des protections légales renforcées contre les évictions frauduleuses visant à augmenter les loyers. Enfin, le FRAPRU rappelle que l’interdiction immédiate de l’hébergement touristique via les plateformes de type Airbnb par Québec permettrait de remettre des milliers de logements sur le marché locatif.Depuis des années, les groupes logement du Québec sonnent l’alarme face à la crise du logement.

Une crise du logement qui s'intensifie