Par Nicolas Lefebvre Legault Un appui financier majeur immédiat à CKIA est essentiel, sinon la station de radio communautaire ne survivra pas. La station de radio communautaire CKIA est en crise. Faute de fonds, tous les employés, sauf le technicien, ont été remerciés au début du mois de décembre. La mobilisation intense des membres a permis de garder la station en ondes jusqu’à maintenant. Toutefois, au moment d’écrire ces lignes, la direction de la station apprenait que son bail à la coopérative Méduse ne serait pas renouvelé. L’Infobourg fait le point avec Bryan Saint-Louis, nouveau président du conseil d’administration, élu en décembre dernier. L’Infobourg - Quelle est la cause de la crise que vit la station ? Bryan Saint-Louis - CKIA traine depuis quelques années des dettes à long terme qui ont toujours empêché son développement. Une mauvaise année financière, avec un déficit important en 2010, a sonné le glas de la station, qui n’avait pratiquement aucune place pour l’erreur. L’Infobourg - Quelle est la situation actuelle de la station ? Est-ce mieux qu’en décembre ? Bryan Saint-Louis - Non. Le nouveau conseil d’administration cherche des façons de financer la station : recherche de projets, de commandites, de placements publicitaires, etc. Mais CKIA a un auditoire moins important que d’autres radios et intéresse donc moins les annonceurs. Aussi, les critères des projets commandités présentés au gouvernement sont de plus en plus serrés et complexes. La solution miracle ne nous est donc pas encore apparue. Ce manque de solutions a d’ailleurs fini par exaspérer la coopérative Méduse, principale créancière de CKIA FM, laquelle a décidé de ne pas renouveler le bail de la station. Nous devrons donc quitter la côte d’Abraham à la fin mai. Pour le moment, nous ne savons pas si un déménagement peut être orchestré, ni même si on peut y survivre, puisque beaucoup de l’équipement essentiel à CKIA appartient à Méduse. Nous devrions donc le laisser derrière nous. Cette décision vient à peine d’être rendue, donc on n’en mesure pas encore les conséquences. L’Infobourg - Quels sont les résultats de la mobilisation jusqu’à maintenant ? Bryan Saint-Louis - Ce qui est frustrant dans cette histoire, c’est que les membres sont présents et intéressés. CKIA a maintenant 750 membres, comparativement aux 250 habituels des dernières années. Notre pouvoir de mobilisation est encore là. Or, les membres offrent un appui moral important, mais un petit appui financier. Celui-ci n’est pas suffisant pour payer nos dettes. On estime les besoins actuels de CKIA à 10 000 $ par mois, ce qui comprend le roulement actuel et le paiement de nos dettes. L’Infobourg - Est-ce encore possible de sauver les meubles ? Comment ? Bryan Saint-Louis - On ne sait pas encore. Il est frustrant de voir que notre mission est unique, que les auditeurs sont présents, que l’énergie est là, mais qu’on n’a pas les moyens financiers à la hauteur de notre énergie. Nos dettes sont importantes et nous rattrapent. Les partenaires financiers hésitent à s’investir parce que les partenariats établis avec la station par le passé n’ont pas donné les résultats escomptés. Or, un appui financier majeur immédiat à CKIA est essentiel, sinon nous ne survivrons pas. L’Infobourg - Quelles sont les avenues explorées par le CA actuellement ? Bryan Saint-Louis - Le conseil d’administration a tablé sur des petites actions, qui ont rapporté de plus petits montants, mais de façon constante depuis décembre. Des démarches pour du placement publicitaire et des commandites sont en cours. Pendant ce temps, nous avons continué nos recherches pour un appui financier plus important, mais ces recherches sont restées vaines jusqu’à présent. L’Infobourg - Vers qui doit-on se tourner pour sauver une station ? Vous, vers qui vous tournez-vous ? Bryan Saint-Louis - CKIA s’est beaucoup tourné dans le passé vers les mêmes partenaires, qui ont souvent donné beaucoup pour la station. Le financement accordé ne peut pas être récurrent pour eux. CKIA doit multiplier ses contacts, mais ceux-ci resteront tout de même limités. Vers qui se tourner ? Pour le moment, on cherche encore. La question plus fondamentale est la suivante : comment finance-t-on une radio communautaire en milieu urbain quand son auditoire est limité, qu’elle intéresse conséquemment peu les annonceurs et les commanditaires et que le marché est compétitif ? Comment peut-on arriver à réaliser un meilleur produit lorsque le financement de base du Ministère est minime et que, plutôt que de travailler sur le contenu, les employés passent leur temps à chercher des sources de revenus ? Comment la radio communautaire peut arriver à répondre à sa mission dans ces conditions ? CKIA a une mission unique à Québec et pourrait être une source d’information différente, intéressante et essentielle. Tout le monde (le Ministère, la Ville, les partenaires, etc.) dit qu’il ne veut pas voir CKIA disparaitre, mais CKIA a besoin d’un minimum pour survivre. Il faudrait une réflexion plus large puisque CKIA n’est pas la seule station communautaire victime de cette logique. La question demeure donc : Si les radios communautaires sont à ce point essentielles, comment les faire survivre ? == Extrait de l'édition de mars 2011 du journal l'Infobourg.

Crise à Radio Basse-Ville : CKIA sans abri à la fin mai