La plus importante manifestation de ce printemps étudiant à Québec a eu lieu le 29 mars dernier dans Saint-Jean-Baptiste. Environ 1 200 personnes, des étudiantes et des étudiants, des parents, des travailleurs et des travailleuses ont répondu à un appel signé de plusieurs militantes et militants de l’association étudiante du Cégep Garneau pour une marche familiale contre l’austérité et la brutalité policière. La manifestation faisait suite à la répression très violente d’une manifestation de l’ASSÉ devant l

Manifestation de 1200 personnes contre l'austérité et la brutalité policière le 29 mars 2015.

Par Nicolas Lefebvre Legault

Le 24 mars, au troisième jour de la grève étudiante, une manifestation de soir a été tuée dans l’œuf par l’escouade antiémeute de la police de Québec. Avant même de prendre la rue, le groupe de quelques centaines de protestataires a été chargé au pas de course. Il y eut des coups de matraque, des morsures de berger allemand et deux souricières. 274 personnes ont été piégées, retenues pendant des heures par un important dispositif policier et finalement mises à l’amende (220 $)... Tout ça pour avoir contrevenu à un vulgaire règlement municipal.

Rien, absolument rien, ne justifie de tenir la ligne dure contre les manifestations à Québec. Il n’y a pas d’abus, pas de sit-in interminables aux heures de pointe, presque jamais de casse, à peu près pas de vandalisme. La sortie des bars le vendredi soir sur Grande Allée fait plus de dégâts que n’importe quelle manifestation étudiante. Au lendemain de cette première arrestation de masse de 2015, plusieurs groupes sociaux ont d’ailleurs tenu à faire connaitre leur désapprobation.

Répression politique

Le Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) dénonce quant à lui l’utilisation de la règlementation municipale à des fins de répression politique. Il dénonce l’intimidation, l’usage de force abusive et le recours à des pratiques douteuses, voire illégales, comme les souricières.

« Ce qui s’est passé le 24 mars n’a rien à voir avec la sécurité du public et encore moins avec celle des manifestantes et des manifestants. C’est de la répression politique, il n’y a pas d’autres mots pour décrire ce qui se passe. On souhaite sincèrement que la population ouvre les yeux sur cette réalité. Tôt ou tard, ce ne sera plus que les étudiantes et étudiants qu’on réprimera, mais leurs parents, leurs grands-parents, leurs oncles et leurs tantes, comme cela s’est produit en 2012 », a déclaré Vania Wright-Larin. « On est en train de créer une génération qui craindra les forces policières et qui n’aura plus aucune confiance envers les autorités et, malheureusement, elle aura probablement raison », s’indigne-t-il.

Une déclaration commune pour le droit de manifester

La Coalition pour le droit de manifester à Québec est un autre groupe ayant tenu à dénoncer les interventions policières et l’utilisation de la violence envers des manifestantes et manifestants. Lancée le 19 février dernier, la Coalition pilote la Déclaration commune pour le droit de manifester à Québec. En plein milieu de l’intervention policière, la page web de la déclaration commence à circuler sur les réseaux sociaux. Le nombre d’appuis a connu une augmentation significative, passant de 300 à 1 300 en 24 heures.

Rappelons que ces arrestations ont été faites en vertu de l’article 19.2 du Règlement municipal sur la paix et le bon ordre. Ce règlement a été modifié afin de limiter le droit de manifester dans la foulée de l’adoption de la Loi 78 et du règlement P-6 à Montréal. Ce règlement impose d’informer le SPVQ de l’heure, du lieu et de l’itinéraire de la manifestation. La Coalition dénonce notamment le fait que le droit de manifester soit soumis au pouvoir discrétionnaire des forces policières et, éventuellement, au bon vouloir du pouvoir politique.

La Coalition pour le droit de manifester à Québec est composée de groupes sociaux de divers horizons qui souhaitent s’impliquer et se coordonner pour contrer les règlements qui enfreignent le droit de manifester à Québec. Pour en savoir plus ou pour signer la déclaration : www.manifesteraquebec.org

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Extrait du numéro d'avril 2015 du journal l'Infobourg

Avec le printemps reviennent les arrestations de masse