Par Vania Wright Larin

L’année 2015 commence mal pour les groupes de défense collective des droits (DCD), comme le Comité populaire ou les AmiEs de la Terre, qui ont reçu de bien mauvaises nouvelles de la part du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

Déjà aux prises avec un grave problème de sous-financement, les groupes ont appris à la fin de l’année 2014 que leurs protocoles ne seraient renouvelés que pour 18 mois (plutôt que quatre ans), sans aucune indexation de leurs subventions. La raison invoquée pour cette décision : comme le programme de promotion des droits va passer sous la loupe de la Commission permanente de révision des programmes, le ministère refuse de s’engager à plus long terme. Déjà, le ministre parle de fusionner des groupes, de faire le ménage, mais ça pourrait aller plus loin : réforme, réduction du financement, et quoi encore ?

Au terme de ces 18 mois, cela fera près de sept ans que les subventions des groupes de défense de droits n’auront pas été indexées ni augmentées. Avec une moyenne de 2 % d’augmentation du coût de la vie par année, le problème du sous-financement est en voie de se transformer en mort lente pour ce secteur mal-aimé par notre gouvernement. Et pour cause ! La mission des groupes de défense des droits les amène souvent à critiquer les politiques du gouvernement, surtout en période d’austérité. Ce serait faire preuve d’aveuglement volontaire que d’ignorer qu’une des raisons du sous-financement chronique des groupes en DCD vient justement de leur mission de critique sociale et de défenseur des personnes les moins privilégiées de notre société. C’est parce que ces groupes remplissent leur mission et n’hésitent pas à mordre la main qui les nourrit qu’ils sont les parents pauvres du milieu communautaire. Rappelons qu’en 2011-2012, le soutien financier gouvernemental en appui à la mission globale de ce secteur atteignait à peine 44 %  de la moyenne des groupes d’action communautaire et que ce pourcentage s’aggrave chaque année en raison de l’absence d’indexation de nos subventions.

18 mois qui commencent aujourd’hui

Nous avons donc 18 mois. 18 mois pour nous mobiliser et démontrer au gouvernement l’importance et l’enracinement des groupes populaires en défense de droits dans leur communauté. 18 mois où il faudra relever le défi de faire connaître les revendications des groupes de défense collective des droits dans la marée de colère et d’indignation que sont en train d’engendrer les compressions tous azimuts du gouvernement Couillard.

Bien des groupes sont déjà sur le pied de guerre pour défendre les droits contre vents et austérité. Il est essentiel de mettre de l’avant, aussi,  la survie financière des groupes de défense collective des droits qui sont un acquis pour notre société. Ces derniers sont un rempart contre la misère et l’exploitation, et contre le cynisme. Ce qui en fin de compte est peut-être le plus important.

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Depuis plusieurs mois, les groupes de défense de droits multiplient les moyens de pression pour faire connaître la précarité de leur situation et l’urgence de réinvestissement. À ce jour, leurs demandes sont restées sans réponse. Des consultations se préparent pour l’adoption de moyens de pression qui pourraient aller jusqu’à des débrayages, des fermetures temporaires, etc. Une semaine nationale d’actions est d’ailleurs en préparation pour le mois de mars. L’heure est à la mobilisation !

Pour suivre l’évolution du dossier, vous pouvez consulter le site web mis en ligne par les groupes de DCD de la région : www.defensededroits.blogspot.ca

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Extrait du numéro de printemps 2015 du journal l'Infobourg

18 mois pour sauver la défense collective des droits ?