Bernard Grondin en action lors d’un spectacle bénéfice pour le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le 22 mai 2008. (Cyndi Labonté / Archives L’Infobourg)

Bernard Grondin en action lors d’un spectacle bénéfice pour le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le 22 mai 2008. (Cyndi Labonté / Archives L’Infobourg)

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(La rédaction) L’équipe de L’Infobourg a appris la terrible nouvelle du décès subit, le 12 novembre dernier, du conteur Bernard Grondin. Nous saluons les multiples implications dans le quartier du citoyen et de l’artiste, notamment au CA du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste. Toutes nos pensées vont à sa famille, à sa fille Louve et à ses proches.

Bernard Grondin (1962 – 2014) était originaire de Thetford Mines. Il avait étudié en théâtre, en mime, en danse et en cirque, mais c’est dans l’univers du conte qu’il a laissé sa marque. Il avait élu domicile dans Saint-Jean-Baptiste depuis plus de vingt ans et s’impliquait tant au niveau social que culturel. Denis Bélanger, trésorier du Comité populaire, lui rend ici hommage.

Salut Bernard !

Il s’agit d’un texte garoché comme ça… Pondu à frette.

Bernard Grondin est parti se reposer mercredi dernier. Son corps ne veut plus se réveiller. Alors, Bernard passe à d’autres choses, sans son corps.

Dans la dernière année, ou les deux dernières années, Bernard m’a dit à quelques reprises qu’il était fatigué de se battre. Il me l’a redit, il y a quelque mois. Il était fatigué de se battre comme artiste, comme militant et comme personne. Il me disait qu’il n’avait plus d’énergie. Il n’était pas cynique, écœuré, désabusé, ou démoralisé. Non, il était fatigué. Quand j’ai appris sa mort jeudi soir dernier, j’ai saisi que c’est son corps qui était fatigué. Il ne suivait plus Bernard. Bernard était devenu trop intense et perspicace dans ses objectifs de vie. Son corps ne pouvait plus le suivre.

Mardi soir dernier, son corps lui a dit qu’il était trop fatigué. À minuit et onze minutes, Bernard partagea sur sa page Facebook cette pensée :

« Un rappel, pour quelqu’un (le rappel d’un livre offert, d’un coin de page replié) :

“ À quoi reconnaît-on les gens fatigués ? À ce qu’ils font des choses sans arrêt. À ce qu’ils rendent impossible l’entrée en eux d’un repos, d’un silence, d’un amour. Les gens fatigués font des affaires, bâtissent des maisons, suivent une carrière. C’est pour fuir la fatigue qu’ils font toutes ces choses, et c’est en la fuyant qu’ils s’y soumettent. Le temps manque à leur temps. La vie manque à leur vie. Entre eux-mêmes et eux-mêmes il y a une vitre. La fatigue se voit sur leurs traits, dans leurs mains, sous leurs mots. La fatigue est en eux comme une nostalgie, un désir impossible. “

– Christian Bobin »

 

Dans les heures qui ont suivi cette publication, Bernard s’endormit pour de bon. L’éternel repos, comme on dit.

Je l’ai vu pour la dernière fois le mercredi 5 novembre 2014 au matin, vers 8 h 15 ou 8 h 30. Il est venu me rejoindre au café que j’ai l’habitude de fréquenter. Il était venu m’inviter à chanter en duo avec lui au show bénéfice pour Stéphane Robitaille qui se tenait le lendemain. J’ai dû décliner son offre.

Je comprends maintenant qu’il se savait condamné. Ce n’est pas pour rien qu’il avait choisi « La fin du monde » comme hommage à Stéphane.

Avant de nous quitter, Bernard s’est assuré d’une relève en la personne de sa charmante fille. Louve est à l’aise en public, que ce soit en chanson, musique ou conte.

Bernard, si tu me lis, on est une bonne gang à ne pas t’oublier. J’ai une pensée pour Louve, ta famille et tes ami-e-s. Nous sommes toutes et tous affligé-e-s. On t’aime.

FUCK YOU MON AMI !

Denis Bélanger
14 novembre 2014
 

 

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Extrait du numéro d'hiver 2014 du journal l'Infobourg

Bernard Grondin (1962 – 2014)