Par Typhaine Leclerc-Sobry

Les projets immobiliers ne manquent pas à Québec par les temps qui courent : écoquartiers à la Pointe-aux-Lièvres, à D’Estimauville et dans Saint-Sacrement, nouveau quartier résidentiel à Beauport, grands développements à Sainte-Foy. Dans une ville où les logements sont rares et les loyers, trop chers, la nouvelle pourrait être bonne. Toutefois, on retrouve partout la même inquiétude : l’inclusion de ménages à faibles et moyens revenus ne semble pas être une priorité.

Dans son Appel de propositions préliminaires pour l’écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres, la Ville de Québec mentionne, sans plus de précisions, que « la mixité, au sens large, doit faire partie intégrante des lots ». Pourtant, les échos au sujet du seul écoquartier de la région qui soit déjà en construction, la Cité verte, ne vont pas en ce sens. Comme le rapporte Le Soleil du 30 mars dernier, « les tout premiers condos du tout premier écoquartier de Québec sont désormais en vente. Mais pour devenir les tout premiers habitants de la Cité verte, les gens devront allonger de 225 000 $ à 400 000 $ pour acheter un trois ou quatre pièces et demie ».

Clairement, il ne s’agit pas là d’une gamme de prix qui favorisera la mixité sociale. D’ailleurs, le dévoilement des premiers prix qui seront en vigueur à la Cité verte arrive en parallèle avec l’annonce de l’abandon des unités de logement locatif qui étaient prévues au profit d’un plus grand nombre de condominiums dans le projet du groupe SSQ. Ce type d’orientation serait encore plus dommageable dans un projet comme celui de la Pointe-aux-Lièvres puisqu’il barrerait l’accès aux résidantes et résidants du milieu populaire des quartiers avoisinants, soit Saint-Roch, Saint-Sauveur et Limoilou.

Selon la Coalition pour le Droit au Logement , le principe d’inclusion sociale doit être fermement respecté dans les grands projets d’habitation à Québec. Ainsi, elle demande à la Ville de Québec d’adopter un règlement municipal qui forcerait les promoteurs immobiliers à réserver 30 % des espaces pour la construction de logements sociaux. C’est la seule manière de s’assurer que la mixité sociale soit bel et bien au rendez-vous.

1- Mise sur pied en 2002, cette Coalition est formée du Bureau d’animation et information logement, du Comité des citoyennes et citoyens du quartier Saint-Sauveur, du Comité Populaire Saint-Jean-Baptiste et du Comité logement d’aide aux locataires.

==
Extrait du numéro du printemps 2011 du journal l'Infobourg.

Lettre ouverte - La mixité sociale sera-t-elle au rendez-vous dans les grands projets d’habitation à Québec?