Québec, le 25 septembre 2006
Communiqué de presse

Craignant de perdre 187,4 millions $, la Coalition pour le droit au logement se rend aux bureaux de Michel Després et de Margaret Delisle

Une délégation de la Coalition pour le droit au logement s’est rendu aujourd’hui aux bureaux des ministres Michel Després et Margaret Delisle afin de réclamer qu’il prenne tous les moyens à sa disposition pour éviter que 187,4 millions $ que le gouvernement québécois recevra prochainement du gouvernement fédéral soient détournés à d’autres fins que le financement de nouveaux logements sociaux et plus précisément de nouvelles habitations à loyer modique (HLM).

La visite collective menée par la Coalition pour le droit au logement s’inscrit dans une série d’actions qui seront menées tout au long de la semaine par les groupes membres du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). D’autres interventions auront lieu dans les régions de Montréal, Trois-Rivières, Sherbrooke, Saguenay, ainsi que dans la Montérégie et le Bas-du-fleuve. Elles visent à accentuer la pression sur le gouvernement libéral de Jean Charest, à quelques jours du versement par Ottawa de 800 millions $ pour le financement de «logements abordables» au Canada, dont 187,4 millions $ pour le Québec.

Une lettre du ministre québécois des Finances, Michel Audet, datée du 12 septembre, confirme les pires craintes du FRAPRU quant à l’utilisation des investissements fédéraux. Le ministre y affirme «que le montant de 187,4 millions de dollars du gouvernement fédéral constituera une contribution pour financer les investissements qu’a engagés et qu’engagera le gouvernement du Québec dans le domaine du logement social ». En d’autres mots, le gouvernement Charest entend utiliser au moins une partie des argents en provenance d’Ottawa simplement pour se rembourser pour des investissements qu’il a lui-même consentis en habitation lors de ses derniers budgets.

Comme le FRAPRU, la Coalition pour le droit au logement rejette carrément une telle possibilité et réclame que l’ensemble des 187,4 millions $ serve à construire davantage de logements sociaux pour les ménages à faible revenu. Selon Nicolas Lefebvre Legault porte-parole de la Coalition, «compte tenu de l’ampleur et de l’urgence des problèmes de logement, il serait scandaleux que tous les argents fédéraux ne servent pas à sortir un plus grand nombre de mal-logés et de sans-abri de la misère ». Il précise qu’au moment du recensement de 2001, donc avant les hausses de loyer des dernières années, 19 870 ménages locataires de Québec consacraient plus de la moitié de leur revenu en loyer.

La Coalition pour le droit au logement ajoute que les 187,4 millions $ sont attendus depuis trop longtemps pour qu’ils filent maintenant entre les mains des mal-logés et des sans-abri. Ces argents trouvent en effet leur origine dans la fameuse entente budgétaire conclue, il y a un an et demi, entre l’ancien premier ministre canadien Paul Martin et le chef du Nouveau parti démocratique de Jack Layton. Il aura fallu des pressions et des représentations de toutes sortes pour que le gouvernement conservateur annonce dans son budget du 2 mai dernier qu’il allait enfin verser les sommes votées au moment de la confirmation des surplus budgétaires fédéraux pour 2005-2006, ce qui devrait se faire d’ici quelques jours à peine.

Le FRAPRU et la Coalition pour le droit au logement voient quant à eux dans les 187,4 millions $, une occasion de relancer le financement de nouveaux HLM. La réalisation de ce type de logements sociaux est en effet totalement arrêtée depuis treize ans. Or, la liste d’attente pour un HLM est de 35 000 noms au Québec, dont 1786 à Québec. La Coalition pour le droit au logement estime qu’il est plus que temps que le gouvernement Charest réponde à ce besoin. À son avis, l’argent additionnel en provenance d’Ottawa lui fournit justement l’occasion de le faire.

Craignant de perdre 187,4 millions $, la Coalition pour le droit au logement se rend aux bureaux de deux députés