Le 2 juillet 2006

Communiqué de presse
Pour publication immédiate

1er juillet 2006: le FRAPRU ne voit pas matière à réjouissance

Même s'il est soulagé que le nombre de ménages qui ont été incapables de se trouver un toit pour le 1er juillet ait sérieusement diminué, le Front d'action populaire en réaménagement urbain ne voit pas matière à réjouissance dans le fait que plus de 180 familles et personnes soient toujours sans logement, au lendemain de la grande journée des déménagements. Le FRAPRU s'inquiète au contraire du temps pendant lequel ces ménages devront être hébergés par les municipalités et, pour la plupart, chez des parents, des amis ou des connaissances, dans des conditions souvent misérables. «Un hébergement, ce n'est pas un logement et tout le monde a droit à un logement », rappelle le coordonnateur de l'organisme, François Saillant.

Le FRAPRU en appelle encore une fois à la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, pour qu'elle accepte d'accorder du supplément au loyer d'urgence à tous les ménages sans logis. L'organisme applaudit aux assouplissements que la Société d'habitation du Québec a accepté d'apporter, à quelques heures du 1er juillet, aux critères donnant accès à cette aide financière, mais cet élargissement ne profitera qu'à une très mince partie des sans-logis.

Des chiffres encore inquiétants

D'après les données compilées dans les villes de Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau, Laval, Lévis et Longueuil, autour de 350 ménages ont jusqu'ici été reconnus comme sans logis et ont fait l'objet d'un suivi de la part de municipalités ou d'organismes communautaires. De ce nombre, la moitié s'est jusqu'ici trouvé un logement.

La Ville de Montréal a à elle seule traité 199 dossiers de ménages sans logis, dont 112 qui sont toujours dans cette situation. La Ville en héberge actuellement 33 (dont 27 familles comprenant un total de 58 enfants). C'est 20 de plus que l'an dernier à la même date. Par ailleurs, à peine 12 ménages se sont jusqu'ici vus attribuer un supplément au loyer d'urgence, ce qui démontre, selon François Saillant, «l'absurdité des critères adoptés cette année par le gouvernement québécois pour l'octroi des suppléments au loyer ». À Sherbrooke, 25 ménages, dont 17 familles avec enfants, sont toujours sans logis, 6 ménages étant hébergés par la Ville. À Québec 19 font toujours l'objet de suivi, à Gatineau 13, à Laval 2. Le FRAPRU n'a pu obtenir les données à jour pour Longueuil et Lévis où des ménages faisaient encore l'objet de suivi à la fin de la semaine.

Le FRAPRU y voit la preuve que la pénurie de logements à bas loyer continue à sévir dans les grands centres urbains. Il craint par ailleurs que de nombreux ménages aient en désespoir de cause dû louer des logements qui sont beaucoup trop chers pour leurs moyens et qu'ils arriveront très difficilement à les payer tout au long de l'année.

Un automne pour changer des choses

Le FRAPRU estime que, malgré les efforts consentis jusqu'ici par le gouvernement Charest dans le domaine du logement social, il doit aller plus loin encore pour augmenter l'offre de logements à bas loyer et aider les ménages à faible revenu.

L'organisme propose tout d'abord la mise sur pied d'un nouveau programme de HLM. Il rappelle qu'aucun logement de ce type n'a été réalisé depuis plus de douze ans au Québec. Au 1er juin dernier, la liste d'attente de l'Office municipal d'habitation de Montréal comptait 23 925 ménages, dont 18 397 familles. En 2000, elle n'était que de 9500 noms. D'après Marie-José Corriveau, organisatrice au FRAPRU, « le gouvernement québécois a toujours invoqué l'absence du fédéral pour justifier son absence d'investissement dans les HLM; ce n'est plus le cas avec les 187,4 millions $ qui ont été réservés pour le Québec aux fins de logement abordable, dans le dernier budget Flaherty ». Elle précise que ces sommes seront disponibles au cours de septembre.

Le FRAPRU demande également au gouvernement d'indexer son programme d'allocation-logement et de l'ouvrir aux personnes seules et aux couples de moins de 55 ans qui en sont présentement exclus. Le FRAPRU déplore que le gouvernement ne se donne même pas la peine de publiciser ce programme et qu'il n'en ait pas indexé les paramètres et les montants d'aide, depuis sa création en 1997. C'est ce qui explique, à son avis, que le nombre de ménages bénéficiaires ait diminué de 22 500 depuis 1998 et que le montant moyen d'aide soit demeuré à peu près le même (56 $ par mois), en dépit de la hausse importante du coût des loyers.

Selon le FRAPRU, l'adoption de ces deux mesures irait dans le sens des recommandations émises très récemment par un comité de l'ONU. Celui-ci a demandé spéciquement au Canada et aux provinces, de «s'attaquer au problème des sans abri et des mal logés en tant qu'urgence nationale », entre autres «en rétablissant ou en renforçant, selon le cas, les programmes de logement social en faveur des personnes dans le besoin » et « en portant les montants de l'allocation-logement et de l'aide sociale à des niveaux conformes aux réalités ».

1er juillet 2006: le FRAPRU ne voit pas matière à réjouissance