Montréal, le 8 février 2006
Communiqué de presse Pour publication immédiate

Des familles craignent de redevenir sans logis

C’est un appel au secours que des familles à faible revenu ont lancé en conférence de presse aujourd’hui au gouvernement Charest. Elles lui ont demandé de prolonger au-delà du 30 juin 2006 le supplément au loyer temporaire dont elles bénéficient, comme 4150 autres ménages qui se sont retrouvés sans logis au cours des dernières années en raison de la crise du logement. Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) s’est associé à leur démarche. Il a dit craindre que la perte de cette aide financière substantielle ne mette en très sérieuse difficulté ces ménages et n’en retourne une grande partie à la rue.

Mme Ena Lewis, une mère monoparentale de 4 enfants, est une des personnes qui ont accepté de témoigner de l’angoisse qu’elles vivent présentement. Si le gouvernement ne renouvelle pas son supplément au loyer après le 30 juin, elle verra son loyer passer de 174 $ à 751 $ par mois. Dans le cas de Mme Boutin aussi mère de 4 enfants, le loyer grimperait de 320 $ à 675 $ par mois. Mme Venessa Diette, qui a pour sa part 6 enfants, devrait payer 750 $ par mois au lieu de 150 $.

Le FRAPRU se dit convaincu que ces ménages et tous les autres n’auront aucun autre choix que de déménager et que la recherche d’un nouvel appartement risque de s’avérer tout aussi difficile qu’au moment où le gouvernement a dû leur venir en aide.

Il précise, à l’appui de cette affirmation, que, dans la région métropolitaine de Montréal, le taux d’inoccupation des grands logements familiaux (5 _ et plus) est carrément de 0,0 % pour les appartements se louant moins de 500 $ par mois et qu’il atteint tout juste 0,7 % pour ceux se louant entre 500 $ à 700 $. «Comment des familles à faible et même très faible revenu pourront-elles parvenir à se trouver un logement dans un tel marché », se demande le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant.

Il rappelle que plus de 3500 des ménages concernés se trouvent dans la région métropolitaine de Montréal, alors que les autres résident dans des villes comme Québec, Sherbrooke ou encore Gatineau où l’offre de logements à bas loyer n’est guère plus reluisante.

Au cours des trois dernières années, le gouvernement québécois a toujours accepté, après quelques hésitations, de prolonger le supplément au loyer reçu par les ménages sans logis, même si celui-ci devait au départ être d’une durée de deux ans pour les ménages aidés en juillet 2001 et d’un an pour ceux aidés par la suite. Cette fois, la bataille semble plus ardue, selon le FRAPRU, qui craint que le gouvernement n’invoque la remontée générale des taux de logements inoccupés pour refuser une nouvelle prolongation.

Le 27 janvier dernier, l’organisme a rencontré à ce sujet la ministre des Affaires municipales, responsable de l’Habitation, Nathalie Normandeau. Tout en se disant préoccupée du sort de ces ménages, la ministre n’a pu donner l’assurance que le Conseil des ministres, qui doit bientôt statuer à ce sujet, accepterait une telle prolongation qui lui coûterait 18 millions $ au cours de la prochaine année.

Le FRAPRU a par ailleurs réitéré sa demande d’intervention rapide du gouvernement dans le dossier, compte tenu que nous sommes en pleine période de renouvellement des baux et que c’est dans les prochains jours ou semaines que les ménages devront informer leurs propriétaires de leur capacité ou non de demeurer dans leur logement.

Des familles craignent de redevenir sans logis